Main tendue... [PV Thomas]

Hana n’était pas une grande sentimentale en dehors de son amour pour Daniel, elle avait peu d’ami en réalité, mais Thomas Kane en faisait partie. Ils avaient bossé trois ans ensemble dans des situations plus ou moins périlleuse, les membres d’une équipe sg ça finissait forcément par se rapprocher même s’il n’était pas resté. Il avait beau être impulsif ce qui l’agaçait par moment prodigieusement, même souvent ne mentons, il n’en restait pas moins un bon gars avec un bon fond. Dernièrement il n’allait pas bien, vraiment pas bien, il avait perdu la femme qu’il aimait dès le premier jour de l’expédition. Elle n’osait imaginer sa vie sans Daniel, alors elle ne pouvait qu’imaginer la douleur qu’il devait ressentir. Elle avait vécu le deuil deux fois, mais elle était une drôle de personne et si elle résolvait tout en se plongeant dans le travail, ce n’était pas forcément le cas de tout le monde. Elle n’aimait pas consoler les gens, elle se trouvait nul pour ça, mais elle était sensée être son amie, elle devait faire des efforts, elle devait tenter de l’aider. Hana prit donc sur elle et quitta sa chambre en tenue civile, un chemisier noir et un jean avec des converses noirs, elle se dirigea vers la cabine du Capitaine Kane, elle respira un bon coup, suspendit sa main, hésita un court instant et finalement prit son courage à deux mains pour frapper.

- Thomas c’est Hana… On peut parler ? Enfin si tu en as envie, je ne vais pas te forcer. Tu sais j’ai perdu mon frère, mon père, mon frère avait à peine 17 ans je l’aimais beaucoup je crois pouvoir t’aider, peut-être pas parfaitement te comprendre, mais au moins essayer de t’aider, même si je ne suis pas une grande oratrice, j’ai envie de t’aider Thomas, tu es mon ami….

Hana a pas mal hésité devant la porte du Capitaine, consoler les gens ce n’est pas vraiment sa tasse de thé, ce n’est pas qu’elle se fiche des autres, c’est juste qu’elle n’est pas de nature franchement joviale, elle est rationnelle et franche, elle n’enrobe pas ses propos de miel, cela ne plait pas à tous le monde, elle a du mal à être diplomatique. Mais pour ses amis elle peut faire un effort, elle doit faire un effort, elle le fait bien pour sa fille alors elle est capable de le faire pour Thomas. Elle n’est même pas certaine qu’il soit là et pourtant elle ose frapper. Elle entende de l’agitation devant la porte, il est donc bien là en effet, elle patiente un peu nerveuse derrière la porte et quand il lui ouvre elle lui offre un sourire qui se veut rassurant et chaleureux. Thomas essaie lui aussi de sourire, mais elle connait cette tactique, elle faisait la même chose à la mort de son père pour faire face à son oncle, ce dernier n’était pas dupe et elle non plus. Son ami explique ensuite qu’il va bien, qu’il est habillé et que sa chambre est rangée.

- Quand j’étais déprimée je rangeais tout le garage de mon oncle afin de ne penser à rien, cela ne veut rien dire Thomas. Vas-tu vraiment bien ? Tu l’aimais Thomas et pas qu’elle, elle sous-entend le bébé, mais elle ne veut pas le dire c’est sans doute trop douloureux et sensible, elle ne veut pas sembler sans cœur. Si tu vas bien tu peux bien me laisser entrer pour qu’on discute un peu, on bosse tellement qu’on a à peine parfois le temps de se dire bonjour parfois. Je n’ai pas tellement d’amis, je ne suis pas aussi pleine d’entrain que toi.

Elle tente de nouveau un sourire, elle est en train de forcer l’entrée, mais en douceur. Elle ne sait pas si c’est bien, mais elle n’a pas envie d’être une amie qui ferme les yeux non plus et elle n’est pas psychologue.

Son collègue lui ouvre finalement grand la porte et il ne lui faut qu’une poignée de secondes pour s’y en engouffrer tant elle est fine et vive elle ne le lui laisse pas beaucoup de choix ma foi. Elle n’est pas du genre chiante ou insistante, mais des fois elle doit prendre sur elle-même et dépasser sa nature elle le sait bien et c’est ce qu’elle fait là, elle écoute ensuite Thomas et grimace un peu sur la fin.

- C’est compliqué pour Daniel, c’est compliqué pour toi bien sûre et même pour moi. On a besoin d’ordre Thomas, mais ce n’était pas criminel, tu ne seras pas sévèrement puni, ne t’inquiètes pas pour ça, en plus on a besoin de tous les bras disponibles on n’a pas le temps de jouer les procès sérieux comme sur terre, tout va bien se passer, je n’en doute pas. Je suis désolée pour ton bébé, vraiment, Othilia est tout pour moi, c’était un incident, mais un heureux incident. Daniel ne sera pas ton bouclier mais il fera tampon pour calmer le jeu, je peux te le promettre. Ne t’inquiète pas je suis sûre que tout ira bien.

Hana reste dans un coin n’osant s’installer nulle part, elle écoute la suite des propos de son ancien collègue, elle l’écouta jusqu’au bout, elle n’aimait pas interrompre les gens, ce n’était pas du tout son genre de couper la parole de ses interlocuteur excepté en tant qu’urgence.

- Arthur te voulait peut-être en sécurité, toutes les familles fonctionnent différemment, Daniel et moi ne sommes pas du genre à s’auto-protéger, mais j’ai déjà vu plein de couple ou famille où aux contraires c’est le cas. Si O’neill t’a choisi c’est que tu méritais ta place ici. Quant à Marie… Là Hana ne savait pas quoi dire, à ses yeux elle aurait dû rester sur terre, puis cette histoire de siège à leur arrivée, elle soupira… elle ne voudrait pas que tu te tourmentes ainsi de cela j’en suis certaine.

S’ils s’aimaient autant qu’il le disait, la jeune femme ne voudrait pas voir son amant tourmenté, coupable ou non de tel ou de tel chose. Hana n’était pas une menteuse, mais elle maitrisait l’art de l’omission à la perfection.

- Tu ne l’as pas assassiné également, elle a été victime d’un incident, sa famille ne risque cependant pas de le comprendre, je préfère être franche, ils vont t’accuser, mais c’était un accident dont il est peu probable que tu sois la raison, ce bâtiment était tellement vieux. Quand on pourra ce ne sera pas facile de leur annoncer, je ne vais pas te mentir. Je serais hypocrite, je n’aime pas l’être, tu me connais. Comment j’ai fait pour avancer ? J’ai réalisé les rêves de ces morts, moi et mon frère on rêvait d’explorer les étoiles, mon père lui me voulait heureuse et j’estime l’être. J’ai beaucoup bossé pour ne pas penser à eux, je suis certaine te dirons que c’est une fuite, mais ça a marché. Chacun fait son deuil comme il le veut où le peut. Tu veux sortir avec moi, on pourrait faire un peu de course à pied, ça vide la tête crois-moi.

- Une piscine ? Hana haussa un sourcil et eut un petit rire. Tu as peur des monstres des lacs ? demanda-t-elle très sérieuse car elle n’avait pas vraiment un grand sens de l’humour. Tu as sans doute raison en dehors des créatures potentiellement bizarre, il y’a peut-être aussi des virus ou des bactéries. Je ne pense pas qu’il y ait de piscine ou alors je ne suis pas au courant, mais je crois qu’ils ont aménagé une salle en salle de sport. Tu pratiques un sport de combat ? Je fais du kendo depuis que je suis toute petite, mon père tenait un dojo.

Il était professeur de kendo et elle avait atteint le plus haut grade, mais cela l’amusait de faire potentiellement la surprise à Thomas et qui sait elle-même serait peut-être potentiellement surprise elle n’avait aucune idée de quel sport avait pu pratiquer Thomas et à quel niveau.

- Thomas ne t’interdira pas ça ! Voyons ! Tout le monde à le droit de se défouler, ça fait du bien autant pour le corps que pour le mental, c’est je dirais même absolument nécessaire. Il ne peut te l’interdire, sinon c’est moi qui vais le gronder.

Hana écoute ensuite la suite des propos de son ami avec attention. Elle est soulagée qu’il s’accorde du temps et qu’il ne tente pas de presser les choses. Elle lève cependant les yeux aux plafonds à sa dernière phrase et soupire.

- Ne sois pas ridicule bien sûre que tu es toujours mon ami, pourquoi tu le ne serais plus ? Moi je ne vois aucune raison. Allez viens…

Hana lui attrape le bras et l’entraine avec elle direction la salle de sport. Sur le chemin elle salut quelques collègues et ne fait pas forcément la conversation car elle n’est pas de nature très bavarde en réalité, si Thomas veut parler elle l’écoutera. Le chemin ne sera pas très long, la salle de sport est assez proche.